SIUbiParis

Dans une interview parue en début de semaine, Yves Guillemot répondait à la question “Pourquoi l’industrie du jeu vidéo est-elle autant touchée par ces comportements toxiques ?” par l’affirmation “Pour créer, il faut un petit peu de friction, parce qu’il faut que chacun réussisse à faire passer son idée”. Quelques semaines auparavant, il affirmait à une question similaire que les problèmes de l’entreprise étaient dûs à un problème générationnel “il y a eu une nouvelle jeune génération […] avec des besoins différents.”

Peut être Yves Guillemot considère que les propos publics de Serge Hascoët, alors comme le numéro 2 de l’entreprise, visant une RH “cette femme est une mal-baisée qui entrave ma créativité, il faut lui agrandir l’esprit à coup de bite dans le derrière” comme un problème de friction ?

Pense-t’il qu’il ne s’agit que d’un problème de génération lorsque Tommy François, haut cadre de l’entreprise, profite que deux collègues immobilisent une employée devant un parterre de cadres hilare, pour tenter de l’embrasser de force ?

Juge-t’il que c’est un problème de créativité qui fait qu’aujourd’hui, son entreprise est la cible d’une plainte pénale pour harcèlement institutionnel ?

Tout au long de l’interview, Yves Guillemot garantit que les anciens problèmes sont réglés, qu’ils ont “mis en place des systèmes qui permettent de régler les problèmes qu’il a pu y avoir”. Des problèmes dont on rappelle qu’il n’est pas étranger, si l’on en croit les mots de Cécile Cornet, alors DRH monde d’Ubisoft “Yves est OK avec un management toxique, tant que les résultats de ces managers excèdent leur niveau de toxicité”. Comment le croire, quand quelques lignes plus loin il justifie ces comportements comme une part intégrante du processus de création ? Comment le croire, quand des récents témoignages de membres d’ABetterUbisoft peignent une image bien plus terne de l’évolution dans l’entreprise ? Comment le croire quand certains cadres d’Ubisoft, connus pour leur comportement toxiques ou pour avoir couverts de tels agissements, sont maintenus en poste ou pire, sont promus ?

Nous trouvons particulièrement regrettable pour Ubisoft et les employé-es que son PDG semble convaincu que pour faire de bons jeux et sauver l’image de son entreprise, il a besoin de continuer à minimiser des “comportements toxiques” qui détruisent les vies de femmes, de personnes LGBT et racisées et qui sont punies par la loi.